
- Virginie Lutete
- 28 Mars 2025
1. Comment est née l’histoire du Disparu de Saint-Priest ?
Je n’avais pas prévu d’écrire cette histoire-là. Je travaillais sur une autre, et j’étais même bien avancé dans l’écriture, quand tout s’est arrêté. Une nuit, alors que j’étais réveillé, je ne sais pas pourquoi mais j’ai repensé à un roman que je m’étais promis d’écrire, il y avait de cela plusieurs années. J’avais même rédigé quelques dizaines de pages avant de le ranger au fond d’un meuble et de l’oublier. Le lendemain, en cherchant un classeur dans une commode, j’ai ouvert un tiroir au hasard et suis tombé sur le texte posé juste dessus !
L’intrigue du roman est malheureusement née d’une histoire vraie dont nous avons été les témoins involontaires. C’était à la fin des années 80. Un dimanche soir, le gardien de l’immeuble où nous vivions à l’époque, est remonté des caves et m’a présenté un bébé minuscule qui venait de naître. Il l’avait trouvé sur des poubelles. Le nourrisson, bien vivant, a aussitôt été transporté à l’hôpital, puis confié à une famille d’accueil. Les parents ont été retrouvés : deux adolescents un peu perdus et en difficulté relationnelle avec leur famille respective.
J’ai voulu rendre hommage à cet enfant, qui démarrait bien mal sa vie. Figurez-vous que j’ai récemment appris qu’il vivait encore dans notre ville et qu’il avait des enfants. Cela me fait penser au prophète Jérémie : « j’ai pour toi des projets de paix ». C’est pour cela que j’ai choisi de prénommer le personnage Jérémie.
2. Qu’est-ce qui vous motive à écrire des romans pour les adolescents ?
Parce que dans ma tête, je suis resté un ado ! Et je crois bien que ces histoires que j’invente, je les invente d’abord pour moi.
3. Dans le livre, Jérémie, le personnage principal, partage une très forte amitié avec Léo. Quelle est l’importance, à l’adolescence mais aussi tout au long de la vie, d’avoir des amitiés solides ?
On a tous eu son meilleur copain, sa meilleure copine, quand on était jeune. Ce sont un peu eux qui nous façonnent aussi. On veut leur ressembler. Comme nous déménagions très souvent, je les perdais de vue et n’avais plus de nouvelles. Je crois bien avoir eu la chance d’avoir un meilleur copain dans chaque ville où nous avons vécu. Daniel, Marc, Raphaël… J’aurais tellement aimé garder des liens avec eux. Parfois, je me pose la question : que sont-ils devenus ? On se souvient très bien d’eux et ça marque une vie.
4. Quel est l’impact de la foi des parents sur celle des enfants ?
C’est une question difficile, parce que chaque famille est différente. En général, les parents sont des modèles pour leurs enfants, particulièrement quand ils sont jeunes. On veut ressembler à papa, à maman. À l’adolescence, ça se gâte un peu. Je reste assez persuadé que les enfants ressentent inconsciemment la profondeur de la foi de leurs parents. Ils font la différence entre le « faire » et l’« être », et la foi sincère des parents se reflète en général chez les enfants, même une fois adultes.
5. Comment avez-vous choisi de parler de Dieu dans ce roman ? Pourquoi est-ce nécessaire d’en parler avec les ados ?
De manière assez simple. Jérémie vit dans une famille protestante engagée avec Dieu, surtout par le papa. Des jeunes chrétiens pourraient se reconnaître dans cette famille. Si des jeunes non-chrétiens ont des amis croyants, ils pourraient peut-être mieux comprendre ce qu’ils vivent.
6.Que voudriez-vous dire aux adolescents qui lisent vos romans pour les encourager dans leur foi ?
Je le dis dans le livre : quand tout va bien, on a tendance à oublier Dieu, à le mettre de côté. Puis le jour où cela va moins bien, on se souvient de lui, souvent avec la question : « Pourquoi, Seigneur ? » Je voudrais dire au jeune qui me lit : « Plus tu penses à Lui, plus Il sera proche de toi. »
7. Le prochain projet est-il déjà lancé ?
Le projet est sur les rails. Ce sera un livre très différent de ceux que j’ai écrit jusqu’à présent. Ce sera une série de nouvelles sur Frédéric Chopin, davantage destinée aux adultes, avec des pans de sa vie peu ou pas connus du grand public. Il sortira au format papier bien sûr, mais aussi au format audio, avec un CD et des compositions de Chopin en phase avec chaque histoire. Donc, des Mazurkas, des nocturnes, des préludes et bien évidemment des Polonaises. La sortie devrait avoir lieu à l’automne prochain.