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Interview avec Anne-Marie Husson

Publié le 23 mars 2022 à 08:42:53

anne-marie husson, vie professionnelle

Qu’est-ce qui t’as donné envie d’écrire un livre sur le travail et les chrétiens ?

Après 20 ans en tant que missionnaire avec Agape, je suis devenue directrice d’un Master en ingénierie de formation digitale. C’était un travail riche et exigeant, mais je vivais un profond isolement : seule chrétienne dans mon service, personne ne m‘avait enseigné les codes du bon comportement d’un chrétien au travail. Quand parler ? Quand se taire ? Quelles sont les limites acceptables ? Et j’avoue que l’Église ne m’aidait pas dans ce cheminement, c’était comme si le travail en lui-même n’avait pas de valeur pour construire le Royaume de Dieu et que sa seule légitimité (hormis le fait d’obtenir un salaire) était d’y annoncer l’Évangile.

Si Dieu avait prévu le travail séculier comme modalité de vie pour la plus grande majorité des chrétiens, il devait en avoir donné l’explication et le mode d’emploi ! J’ai eu alors un besoin vital de chercher, lire, tester, prier, expérimenter… jusqu’à ce que petit à petit, le Seigneur me donne quelques clefs.

Et c’est du fruit de cette expérience et de cette recherche que vient le livre…

Comment ton livre peut-il aider ceux qui n’aiment pas leur travail ?

Notre société a besoin de chrétiens qui « assument » leur travail comme un ministère à la gloire de Dieu. Nous pouvons influencer notre société, non seulement par notre témoignage mais aussi par la qualité de ce que notre travail produit : force créative, capacité de réparer les choses corrompues, de projeter le dessein de Dieu pour la vie en société.

Par notre travail, nous permettons à nos sociétés de vivre avec plus de justice et de dignité.

Certains chrétiens pensent que leur travail est secondaire et qu’ils y perdent leur temps, alors qu’ils pourraient être plus utiles dans le « ministère », qu’en penses-tu ?

Il est de bon ton dans nos milieux chrétiens de considérer comme ministère, les seules activités liées à la pratique de notre culte ou à l’annonce de l’Évangile. Cela sous-entendrait que Dieu ne compte comme serviteurs à plein temps que les 1 % des chrétiens engagés dans un service à plein temps au sein d’une Église ! Cela revient à ne donner à l’Évangile que sa seule dimension de salut des âmes et à lui ôter toute pertinence face aux problèmes du monde. Or, Dieu s’intéresse à l’ensemble de sa création et c’est par notre travail que nous prenons soin d’elle !

Que conseillerais-tu à quelqu’un qui souhaite témoigner de sa foi au travail ?

Au lieu d’utiliser le terme « témoigner », je préférerais utiliser celui « d’être témoin » car le témoignage de la foi en milieu professionnel ne peut pas se ramener à une « activité », comme une case que l’on coche. Il doit s’exprimer par « l’être ». Là où nous sommes, nous sommes l’image de Dieu, sa lettre pour le monde. Incarner l’Évangile est le socle indispensable sur lequel se construit notre témoignage mais ce socle ne suffit pas : il nous faut aussi « dire l’évangile » (Romains 10.14) Et notre témoignage sera audible si nous incarnons l’Évangile.

Un dernier mot pour encourager les lecteurs à se plonger dans ton livre ? Peut-être en particulier pour les jeunes qui ne savent pas encore vers quel métier se diriger ?

Viens découvrir le projet de Dieu pour ta vie professionnelle ! Elle fait sens pour lui et Il veut en faire un ministère à sa gloire qui bénira la société et te permettra de rayonner pour lui. Toute ta personnalité, tes dons et talents, seront sollicités – et tu vas grandir spirituellement. Tu vas voir Dieu prendre part concrètement à ta vie professionnelle, répondre à tes prières et te guider pas à pas dans tes choix.

Le Seigneur t’appelle à faire de ta vie professionnelle une aventure de foi. À toi de le suivre.

Merci Anne-Marie !