Farel

Éditions farel
 

Interview avec Christophe Short

Publié le 12 novembre 2015 à 15:37:35

église, évangélisation, christophe short

1. Pourquoi avoir choisi ce titre ? Dans « Décider de grandir », on peut entendre que certaines Églises ne souhaitent peut-être pas grandir, ou ont fait un autre choix. Pour quelles raisons ?

Le titre « Décider de grandir » ne veut évidemment pas dire que la croissance d’Église n’est qu’une action humaine ou qu’il suffit d’appliquer certaines techniques pour que toute Église grandisse. La croissance d’Église, comme la conversion, est une action de l’Esprit Saint. (1 Cor 3.6), c’est une action souveraine de Dieu.

En revanche, tout comme la conversion, cela ne se fait pas sans la participation de l’homme (ou des hommes). Paul a quand même planté et Apollos a su arroser. C’est exactement cet aspect qui est ignoré ou négligé par de nombreux responsables d’Église. Comme chacun doit s’ouvrir à l’amour de Dieu, se détourner de ses fautes et « accepter le Christ » dans sa vie, les Églises et leurs responsables ont à « accepter » les conséquences de la « Logique de Croissance » qui est, pour moi, inscrite dans les Actes des Apôtres et dans le Nouveau Testament. Le chapitre 2 de mon livre développe cette pensée.

Je ne pense pas du tout que « certaines Églises ne souhaitent pas grandir » dans le sens qu’elles ne désirent pas de conversions mais j’estime que trop de responsables d’Églises sont bloqués par un esprit de pessimisme et parfois par d’incrédulité. D’autres n’ont jamais appris à mettre en place des projets de croissance. D’autres encore ne sont pas prêts à sortir de leur zone de confort et à prendre des risques. Il faut également reconnaître que certains sont tellement heureux de rester entre eux que l’arrivée de nouvelles personnes est perçue comme une menace à ce « bien-être ».

Décider de grandir implique d’avoir une conviction que Dieu veut la croissance et ensuite d’en assumer les conséquences. Si Dieu veut ajouter de nouvelles personnes aux Églises locales nous devons préparer leur arrivée parmi nous. Il y aura des implications pour notre style de culte, pour l’accueil, pour l’achat d’un nouveau bâtiment peut-être etc. Parfois il faudra un changement total de mentalité. On ne peut grandir sans prendre des décisions...

2. Ce n’était pas très courant en France de voir de grandes Églises, comme tu le dis dans ton livre, parce que c’était difficile, parce que c’était même mal vu. Que dirais-tu pour encourager les chrétiens français à reconsidérer ce point de vue ?

D’abord une définition : une grande Église selon mon vocabulaire est une communauté qui est devenu une Église bataillon (225 à 400 membres). Il y en a quand même quelques-unes chez les ADD (Assemblées de Dieu) et les charismatiques, mais peu effectivement chez les évangéliques « classiques ».

Je les encouragerais à

3. Tu dis qu’il n’y a aujourd’hui aucune raison biblique ou sociologique empêchant la croissance des Églises en France. Est-ce que quelque chose a changé depuis le début de ton ministère en France ?

Oui. Les chiffres du CNEF l’attestent (p. 36-37). De nombreuses Églises ont été implantées et d’autres grandissent. La mentalité de petit troupeau minoritaire avec ses conséquences de pessimisme et d’incrédulité s’estompe petit à petit. Mes enfants n’ont connu que des Églises en croissance. La résistance à l’évangile dans notre pays n’est pas du tout ce qu’elle était il y a trente ou quarante ans. Il est tout à fait raisonnable donc de penser que si l’Evangile est prêché dans toute sa plénitude et que la vie communautaire manifeste l’amour du Christ, cette croissance continuera.

4. Ton église se situe en grand banlieue parisienne, vous avez trouvé, au fil des années, des salles de restaurant, d’anciens locaux d’usine ou de supermarché à rénover qui ont permis à l’Église de s’agrandir. Mais tu abordes aussi le contexte des grandes villes dans le livre. En effet, c’est bien différent lorsqu’on est implanté dans le centre des grandes villes. C’est très compliqué et très cher d’acheter, et la location n’est pas toujours une bonne solution non plus. Qu’en penses-tu ? Quels conseils donnerais-tu aux pasteurs et responsables d’Églises de grandes villes à ce sujet ?

Mon expérience est surtout de banlieue, c’est exact. Il est juste que les difficultés d’implantation au centre de grandes villes sont différentes. Pourtant « on » y arrive à Toulouse et… même à Paris ! Je ne vois aucune raison biblique qui pourrait limiter des interventions miraculeuses à la banlieue...

5. Est-ce que la peur de se retrouver dans un grand et beau local d’Église… vide après des mois, voire des années de travaux est légitime ?

La crainte est légitime. Mais si les craintes et le pessimisme ambiant qui ne voient que les problèmes occultent la grandeur de Dieu, on a perdu la vision divine.

6. Est-ce que ça arrive que l’Église ne grandisse pas malgré une équipe pastorale dynamique et formée, la bonne volonté et l’engagement des membres, la prière, le soutien financier ? Que faire alors ?

Elle me téléphone pour que je vienne discuter avec elle !

7. Et quand les membres n’adhèrent pas au projet de croissance ?

On ne peut avancer avant que les membres n’y adhèrent. Il faut un travail d’enseignement et de motivation pour préparer le terrain.

8. Tu racontes dans le livre comment ton Église est passée de 20 à 800 membres. Tu as mené des projets de construction dans lesquels se sont investis les membres de l’Église, vous avez pu préserver l’unité de l’Église, tu as passé le relais à une équipe dynamique, l’assemblée continue de grandir aujourd’hui. À la lecture de ton livre, même si on comprend qu’il y a eu aussi des moments difficiles, on peut se dire que tu es un pasteur qui a réussi ! Qu’en penses-tu ?

Correction : l’assistance au culte a augmenté de 20 à 600. Ce n’est pas tout à fait pareil ! Je ne pense pas que la réussite divine se calcule comme tu la proposes. Une femme congolaise veuve qui a su élever ses enfants dans le droit chemin malgré toutes les complications de la vie modernes a beaucoup plus de mérite et de réussite que moi...

9. Si tu avais un meilleur souvenir lié à l’histoire de la croissance de l’Église de Pontault, quel serait-il ? Et le pire ?

Des réunions de baptêmes et les récits de vies transformées, pour le meilleur. Et le pire c’est la déception et la souffrance devant des personnes qui ont « quitté » le chemin de Dieu.

10. Quand on a lu ce livre, et qu’on est convaincu que notre Église peut grandir, que peut-on proposer à notre Église pour agir, que l’on soit pasteur, responsable dans une église ou simple membre ?